Je suis un grand admirateur du jeu de James Gandolfini, particulièrement bien sûr dans son interprétation de Tony Sorapno dans la série Soprano.
Je vous invite ici à découvrir une scène qui nous rappelle la force émotionnelle qui peut se dégager de certains silences lorsque ceux-ci sont « nourris ».
Attention, je vous vois venir petits comédiens impatients ! Il ne s’agit pas de « forcer » ses silences… Non non, c’est simplement que quand le comédien est dans sa situation, la beauté de certains silences devient absolument naturelle. L’idée n’est surtout pas d’utiliser des silences pour créer un effet, c’est à l’inverse parce que vous ne vous en souciez pas et que vous vivez votre situation que le silence devient beau.
Le silence n’est pas tant un « outil » de jeu qu’un des révélateurs d’un jeu en place !
Pitch de la séquence pour ceux qui sont passés à côté de cette série :
Toni, chef mafieux un peu dépressif, se trouve dépassé par la gestion de sa vie familliale. Dans cette scène, il est notamment affecté par le comportement suicidaire de son fils. Il se reproche particulièrement d’être la « cause génétique » des troubles psychologiques de son enfant. Déprimé, fatigué et rempli de culpabilité, il se sent pris au piège d’une thérapie en laquelle il ne croit plus.
Dans cette partition rondement menée, le mélange de force et de fragilité dont J. Gandolfini fait preuve est en parfaite symbiose avec le personnage mafieux en proie à des problèmes familiaux. Ni trop, ni trop peu…un calme, une aisance, une élocution complétement cohérente avec la scène, la situation, le personnage…une facilité reposante à laquelle tout acteur aimerait accéder. Et enfin ces silences…moments jubilatoires qui expriment tout mieux que des mots.
Personellement je ne me lasserai jamais de TOUT ce qui peut passer dans son regard à partir de 2mn30…la colère, la haine, la culpabilité, la dépression, l’envie de rester fort…tout y est en silence.