Truc de comédien pour créer et jouer avec les émotions

Essayez de trouver quel scénario convient à quel personnage ci-dessus :

SCENARIO A : J’ai un naturel à fleur de peau -> On me propose de manger une croquette -> J’aimerais me contenir mais c’est dur

SCENARIO B : J’ai tendance à en faire trop -> La couleur de ces chaussettes me rend dingue -> Je veux le faire savoir

SCENARIO C :  Je suis habituellement sobre dans mes émotions -> La personne qui me nourrit me quitte -> Je souhaite signifier ma crainte

Voici un petit truc, à la frontière entre le travail émotionnel et le travail de création d’un personnage, que j’utilise quand je prépare un nouveau rôle. Je me questionne sur le rapport à l’émotion de mon personnage. Autrement dit je détermine dans un premier temps si mon personnage a une propension naturelle à :

  • sur-réagir aux émotions et à en montrer davantage que ce qu’il ressent réellement
  • être à fleur de peau et laisser passer l’émotion à travers lui telle qu’il la ressent.
  • être pudique quand aux émotions qu’il ressent.
  • être totalement imperméable à l’idée de montrer la moindre émotion.

Cette segmentation va déjà créer des approches très différentes d’un personnage à l’autre dans une même situation.

Derrière celà, et en fonction de la scène je vais rajouter deux critères davantage circonstanciels :

  • De façon objective, quel degré et quel type d’émotion mon personnage reçoit à tel moment ? Par exemple : le contentement d’un bon repas, la profonde tristesse de la mort d’un proche, l’excitation d’une bonne nouvelle à venir…
  • Quel message ou quelle émotion mon personnage souhaite-t-il faire passer à son entourage ? Tout dépend de son objectif dans la scène.

A partir de là, des moments de jeu très créatifs (car nous devons toujours être créateurs) peuvent naître, attention certains choix peuvent être risqués ! Par exemple :

– Un personnage qui a une propension à ne rien montrer apprend que la personne dont il est amoureux l’aime en retour et il souhaite lui « montrer sa joie ». (ça peut être ubuesque, ça peut sonner faux aussi si c’est mal mené)

– Un personnage qui a tendance a sur-réagir dans ses émotions doit à tout prix rester calme tandis qu’il apprend qu’il n’est pas retenu lors d’un entretien d’embauche.

– Une personne déjà extravertie naturellement veut, en plus, faire ressentir sa joie à son co-pilote en trouvant enfin une place de parking. Attention avec ce type de situation à ce que le spectateur se laisse bien embarquer par la folie du personnage sans ce dire que c’est le comédien qui a une tendance a sur-jouer !

Ainsi en combinant le degré naturel de réaction à une émotion, le degré « objectif » de l’émotion reçue, le message émotionnel que le personnage souhaite partager autour de lui, vous pouvez engager un travail de création fantastique auquel tout petit comédien peut s’amuser même seul dans sa chambre ! Vous allez faire vivre malgré vous des personnages parfois psychopathes ou très touchants… dans des moments de vie très drôles ou totalement psychédéliques. Mais n’oubliez pas non plus de travailler sur des situations équilibrées.

Dans tous les cas, amusez vous !

***

PS : Je souhaitais au départ écrire un article sur une scène bien spécifique jouée par Andy Whitfield dans la série très testostéronée et un « poil » too much Spartacus (que
j’ai regardé en entier et qui a parfaitement rempli mon besoin de
beaufitude entre une coupe du monde et une coupe d’Europe de foot).
Cette scène mêle une grande justesse d’émotion combinée à une nécessaire
« chorégraphie » pour la mise en scène qui me semblaient rondement
menées.

Hélas, bien que court, l’extrait que je souhaitais vous diffuser m’a été interdit par Youtube (droits d’auteur)…, je me suis donc rabattu sur l’article ici présent. Cependant, je viens de réaliser que lors de ma toute première expérience sur un plateau de tournage en Australie il y a de celà quelques années maintenant j’avais donné ma réplique (longue d’environ un mot) à… Andy Whitfield sur la série Packed to the Rafters. La vie est parfois étonnante ! J’ai d’autant plus une pensée pour cet acteur qui nous a quitté hélas bien jeune, en septembre 2011.

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