Pour cette reprise en douceur, je souhaitais partager un petit exercice de visualisation de comédien que je m’amuse à faire en avion. Ben oui, l’avantage de cet art c’est qu’il peut se pratiquer en toute situation. En fait, je pense qu’il est possible de s’entraîner à tout art et à tout sport en toute situation, cela passe simplement par de la visualisation. On peut rester assis n’importe où, allonger au fond de son lit, et malgré tout trouver le moyen de progresser que ce soit pour de l’équitation, de la danse, du chant, de la musique… simplement à travers, la visualisation, la conceptualisation, la concentration. Il n’est pas bien difficile de s’inventer des exercices mentaux. Bref je m’égare, revenons en à mes moutons et à mon avion.
Le comédien doit pouvoir résister à l’annonce de l’action comme à la poussée de l’avion
Tandis que j’attendais sagement le décollage pour la belle Barcelona (petite dédicace aux fans de Freddy), j’ai soudainement fait le rapprochement entre le moment où les réacteurs de l’avion se mettent à vrombir pour développer une poussée très puissante avec le moment où le réalisateur nous balance un « Moteur et… action ! ». En effet, je ne crains pas spécialement l’avion, néanmoins, les sensations corporelles, psychologiques et cardiaques de l’avion qui s’apprête à décoller peuvent être, de façon très grossie, similaires à celles qui précèdent le lancement de l’action. Vous savez : petite appréhension sur ce qui va se passer, pouls qui peut s’accélérer, léger stress, risque de « blocage » ponctuel jusqu’à ce que, finalement, l’avion comme le comédien entrent dans leurs rythmes de croisière faisant disparaître toutes ces petites anxiétés psychologiques de « l’avant décollage / l’avant action ». Ainsi, lors du décollage, il est extrêmement difficile de faire abstraction de la poussée qui porte l’avion sur le tarmac ainsi que de cette sensation puissante qui envahit nos pensées. De même, à certaines occasions, il peut être difficile pour un comédien de faire abstraction de l’équipe qui l’entoure, des caméras et de ce fameux « Action ! » que l’on sent approcher mais qui ne doit pourtant en aucun cas parasiter notre naturel au moment de se lancer dans une scène. Bien sûr je grossis volontairement le trait, mais vous comprenez l’idée.
Visualiser ses scènes en conditions extrêmes pour développer ses capacités de concentration et d’abstraction
A partir de là, caler dans mon siège G14, je me suis dis : « Si j’arrive à trouver les ressors qui me permettent de faire abstraction de la poussée d’un avion au moment du décollage, sûrement ces ressors me seront précieux pour améliorer ma préparation à une scène ». J’ai donc fait 2 exercices, un à l’aller et un au retour (ben oui le problème c’est que c’est quand même très rapide un décollage et t’as pas le temps de recommencer 3 fois).
A l’aller, j’ai voulu travailler ma capacité à me détendre au maximum. L’exercice est très simple, j’ai simplement fermé les yeux et j’ai essayé de m’endormir avant que l’avion ne décolle et j’ai essayé de rester dans cet état de somnolence au moment de la poussée en laissant mon imagination s’envoler comme si je m’apprêtais à entrer dans le monde des rêves sans être impacté par le vrombissement et la poussée extérieure. Bon ok, en écrivant ça je me rends compte que ça fait un peu : « Ils se foutent de nous Au Petit Comédien, ils nous pondent une page de blabla, pour nous sortir un exercice dont le but est d’essayer de s’endormir ». Heu ben ouai… je vous assure sur le moment, ça paraissait moins simpliste.
Au retour, l’idée était de tester mes capacités à ne pas sortir d’une scène. Pour ce faire c’est très simple, je me suis imaginé l’un des personnages que j’ai pu jouer dans le passé et j’ai essayé de revivre l’une de ses scènes mentalement. Retrouver l’état de mon personnage, le décor qui l’entoure, sortir les dialogues sans que l’environnement extérieur (cet avion qui s’apprête à décoller) n’ait le moindre impact sur mon jeu et mon naturel. J’ai essayé de faire en sorte que ma concentration et ma force d’auto-persuasion me convainquent que je suis en train de vivre la scène que je m’imagine et non pas que je suis dans cet avion. Je crois vraiment que travailler et réussir ces exercices de visualisation dans ces conditions développent des capacités à aborder une scène avec le maximum de sang froid et de maîtrise en conditions de jeu réelles.
Alors je vous l’accorde on ne prend pas l’avion tous les jours. Mais la prochaine fois que vous le ferez, repensez à cet article, et peut être bien qu’il vous semblera moins idiot à vivre qu’à lire, qui sait ?
Edit mai 2019 : Répéter sa scène dans un roller-coaster
Depuis l’écriture de cet article il y a un an et demi, j’ai eu l’occasion de travailler à nouveau et même de développer cet exercice. Je me suis notamment amusé à le pousser un cran au-dessus en essayant de le réaliser… dans un grand 8 du Parc Astérix. Oui, certains me trouveront un peu zêlé, mais que voulez-vous, j’aime jouer.
Faire cet exercice dans un avion permet de travailler davantage la concentration sur la durée. En effet le décollage d’un avion peut prendre de très longues dizaines de minutes et ne pas lâcher l’exercice ou ne pas avoir envie de regarder sa montre pendant cet exercice de visualisation est très difficile.
Quand au le roller-coaster, si sa durée est bien plus concentrée, elle offre en revanche des conditions d’un tout autre niveau dans lesquelles faire abstraction de l’environnement peut être une réelle prouesse. Pour s’amuser je vous ai fais une petite vidéo ci-dessous. Ici l’exercice est un poil biaisé du fait que je ne peux pas vraiment me permettre de faire une abstraction totale de mon portable qui a failli rejoindre les cieux plus d’une fois 😉
Je suis obligé d’avouer que si cet exercice est très bon, je n’aime pas trop le faire parce que forcément tu profites moins du manège !
N’hésitez pas à nous faire part de vos commentaires, on y répond !
A bientôt !