Je suis toujours admiratif des acteurs maitrisant des compétences supplémentaires/complémentaires à celle de leur jeu pur. Le modèle de base de ces acteurs sont ceux étiquettés acteurs « triple threat » et qui sont capables à la fois de jouer, danser et chanter en étant compétents dans chacun de ces domaines. Bien plus qu’en France, ces acteurs sont particulièrement reconnus aux Etats-Unis.
Deux exemples contemporains bien connus sont Neil Patrick Harris (je vous reccomande notamment de regarder cette excellente mini-série de 3 épisodes, Dr Horrible ) ou Hugh Jackman. Ce concept d’acteur « triple threat » fera prochainement l’objet d’un article à part entière tant ces compétences peuvent permettre aux comédiens d’élargir leur jeu via de nouvelles voies aussi bien émotionnelles que physiques.
Mais d’autres compétences bien moins habituelles peuvent parfois être maitrisées. Et c’est notamment celle de Luciano Rosso, maître du Lip Synch, qui m’a dernièrement bluffé. Le Lyp Synch, de façon très simple, est l’art de faire du… play-back ! Mais à en regarder certaines vidéos, cette maîtrise ressemble fortement à un art issue de la clownerie. D’ailleurs Jimmy Slonina, qui en est l’un des plus célèbres représentants actuels, est issu du Cirque du Soleil comme quoi. Bref, Pourquoi Luciano Rosso me régale en tant que comédien à travers la performance ci-dessous ?
Et bien très simplement, voici quelques points qui m’ont semblé remarquable et dont chacun peut s’inspirer quelque soit son travail :
– Une précision exceptionnelle, une partition de jeu au rythme élevé qui est rendue avec une fluidité déconcertante. Visiblement cette performance semble avoir été réalisée à la fin d’une pièce de théâtre (Edit : Un Poyo Rojo, au théâtre du Rond-Point du 13 septembre au 8 octobre 2016) de façon un peu spontanée si bien que Luciano se lance dans sa « performance » sans grosse concentration, sans stress mais avec beaucoup de facilité.
– Cette facilité qui s’en dégage laisse deviner le très gros travail qui a dû être réalisé en amont et les nombreuses répétitions que celà a dû lui demander.
– Le plaisir qui en ressort, pour lui et pour nous, malgré justement le gros travail demandé.
– Une capacité de jeu et une capacité à faire passer des intentions d’émotion malgré le fait d’être physiquement complètement « prisonnier » d’une chorégraphie. Malgré la performance à réaliser, il trouve des espaces dans lesquels communiquer son jeu, même minime : l’ennui, l’agacement…
– La singularité de ce qu’il propose qui se veut dans le même temps être une performance universelle à la quelle chacun y trouvera (potentiellement) sa dose de « ludique ».
Bref, son travail est inspirant car il regroupe plusieurs termes qui, bien que semblant avoir des connotations parfois antagonistes, peuvent en réalité tout à fait être complémentaires : travail, plaisir, rigueur, lâcher prise, précision, liberté, singularité, universalité… Merci M. Rosso vous m’avez certainement donné de nouvelles clefs à inclure dans mon propre travail.
De mon point de vu c’est aussi un bel exemple de ce qui est instruit par le livre La maîtrise sans effort de K. Werner et dont je vous reparlerai plus tard.
Qu’en pensez-vous ?