Je suis convaincu qu’un comédien a besoin de connaitre sa partition parfaitement pour libérer son action. Je me suis fais cette remarque tandis que je travaillais une chanson (oui j’avoue en ce moment tous les articles me viennent pendant mes cours de chant). Il me semblait maîtriser en partie la chanson (High Flying Adored, Evita), en tout cas, à mon petit niveau la connaissance du rythme et tempo que j’en avais me semblait amplement suffisante. Or, mon professeur à ce moment là, Simon Porter, qui est notamment coach vocal à Disneyland Paris, m’a montré ce qu’était réellement la précision… il s’avère que j’étais régulièrement à côté du temps prévu. Nous avons donc travaillé exclusivement sur le rythme, et c’est également ce que j’ai fait toute la semaine qui a suivi chez moi, note à note, sans la mélodie, me caler précisément sur le rythme, au temps près. Je crois que je m’en approche. Le plus amusant est que l’idée derrière celà est de pouvoir en sortir, parfois. En effet, que l’on soit chanteur ou comédien, je crois profondément que pour s’offrir quelques libertés dans notre partition, il faut en premier lieu la maîtriser parfaitement, de façon très carrée.
Comment celà se traduit-il chez un comédien ? Tout simplement en commençant par connaitre son texte sur le bout des doigts bien sûr, ainsi que la mise en scène prévue, mais également en « sentant » les moments de jeu nécessitant une pause, une accélération, un ralentissement, que l’on soit seul ou dans une partition avec ses partenaires. Intuitivement, nous sommes capables de sentir les temps à prendre. Si un comédien ne les étudie pas, il risque de ne pas trouver le souffle de vie qui se cache derrière sa scène. Si cette remarque est particulièrement vraie sur de la comédie (on pense à du Feydeau, Louis de Funès, Chaplin…), il n’y a pas de raison qu’elle ne le soit pas pour d’autres styles y compris dramatique. Il y a un rythme à trouver et il faut le connaitre, le travailler sans le biaiser. Ne s’offrir aucune « diletantte » sur ce travail qui est un travail « de fondation ». Sans ça un comédien peut casser le sens du jeu et de la scène sans même sans rendre compte (comme moi avec ma chanson).
Mais attention, tout l’intérêt d’arriver à cette précision est aussi justement de pouvoir s’offrir des libertés qui seront parfaitement maîtrisées ! En effet, une fois que vous connaissez précisément votre texte et vos temps de jeu « théoriques », rien ne vous empêche, au contraire, de partir dans de petites « impro de jazz », de surprendre votre partenaire. D’un coup d’un seul vous décider de rompre le rythme théorique pour placer un petit contre-temps, ou une longueur, hop la syncope, zou le petit groove ! Et vous voilà avec un partenaire qui, sans comprendre pourquoi mais grâce à vous, sent glisser sur sa nuque le doux souffle du renouveau, un souffle de fraîcheur qui rentrera parfaitement dans le ton de la pièce, apportant quelques nuances mais en respectant tout à fait la couleur de base ! Faîtes donc un camaïeu de votre jeu ! Mais uniquement parce qu’à la base vous maîtrisez parfaitement la partition théorique. A partir de là vos petites libertés ne perdront personne, ni votre partenaire, ni le public, ni vous et votre réalisateur sentira que vous aurez apporté votre petit plus de comédien sans pour autant dénaturer son oeuvre… et il se dira qu’il est génial de vous avoir choisi ! Voilà that’s as easy as that bro ! Nous venons de trouver le secret d’une carrière fulgurante. Balaises les gars.
Jazz it loudly mate ! |
Pour conclure : Sur le chant comme sur le jeu la différence entre un très bon chanteur/acteur est un artiste d’un niveau inférieur passe souvent par la différence de précision. La précision apporte un impact supérieur, permet une liberté mieux sentie, clarifie la performance. Il me semble que c’est précisément un peu de cette précision que j’aurai pu aller chercher davantage encore sur la performance dont je vous fais un petit feedback ici : Scène musicale, l’étrange Noël de M. Jack.
La précision DOIT ETRE une étape de travail même avec l’ambition d’en sortir par la suite, intuitivement la précision évitera une prestation aléatoire, incontrôlée, brouillonne.
A vite !