L’acting courageux – The Great Acting Blog

The Great Acting Blog  est un blog anglo-saxon publié par un acteur anglais, James Devereaux, et dont voici une traduction du descriptif : Explorer et approfondir la discussion sur l’acting dans ses aspects artistiques, éthiques, philosophiques et techniques; en considérant l’acteur comme un artiste individuel et créatif, non comme un simple employé. Autant vous dire que c’est en ligne directe avec les aspiration du blog Au Petit Comédien.

Ci-dessous je vous ai fait la traduction d’un des articles de ce blog intitulé « Courageous Acting » et qui m’a semblé très intéressant car il va à contre-courant de ce qui est actuellement inculqué à un acteur dans de nombreuses formations de comédiens en érigeant l’émotion comme principale voire unique aspiration du comédien. Je vous faisais déjà quelque peu part de ce sentiment à travers l’article Comment le corps vient aux hommes. Jeu de l’acteur américain. Attention : je partage cet article car j’ai eu de l’intérêt à le décourvir, celà ne signifie pas que j’en suis un fervent partisan, simplement que je le trouve au moins aussi intéressant dans sa réflexion que ceux qui font de l’émotion l’unique moteur du comédien. Ma position est bien moins extrême, chaque situation, chaque tournage, chaque personnage, chaque histoire demande un mélange différent dans l’utilisation des outils et dans le résultat à produire ! 

« L’ACTING COURAGEUX

L’obsession « d’être émotionnel »dans l’acting moderne n’est pas loin de virer au désastre. Elle dépeint le personnage (et donc l’acteur) comme une victime, le dépouillant de toute dignité. En outre, quand un acteur
essaie d’extraire l’émotion de lui même, il se tourne vers
l’intérieur plutôt que vers l’extérieur et donc exclut de ce fait le public, mettant ainsi à mal l’une des principales missions de l’acteur, celle de la communication. L’émotion, en tant qu’histoire, est difficile à raconter; elle rend une action forte et précise diffuse (confuse). Cela va souvent se transformer en une sorte de showcase/vitrine pour le comédien, ruinant sa performance, et cela est
particulièrement vrai chez les acteurs qui ont un dont pour transformer leur « patos pleurnichard » en un « Oh regardez, il est vraiment
en train de pleurer ! » – C’est donc également du mauvais travail car cela manque
d’intégrité esthétique. Par-dessus tout, c’est  simplement
faux, mensonger.






Malheureusement,
l’émotion domine dans l’acting contemporain, car il est considéré comme un gage de qualité, plus un acteur est émotionnel plus il est considéré comme talentueux. Bien sûr, celà n’a pas de sens, et un coup d’œil sur les grands acteurs
de l’âge d’or Hollywood (Bogart, Cary Grant, Rita Hayworth, etc…) vous le montrera. A cette époque, les acteurs évitaient de tomber dans l’émotionalité, pour lui préférer la dignité, la force, la simplicité, et l’esprit. Il y a bien sûr des exceptions aujourd’hui encore, notamment dans
les travaux du maestro finlandais, Aki Kaurismaki, mais sinon, la
tendance à l’émotion abonde. Il est difficile de savoir quand ce
changement a eu lieu, peut-être est-il issu de La Méthode (Actors Studio), technique qui fétichise l’émotion, au milieu du XXe
siècle. Peut-être, parce que les acteurs de La Méthode ont acquis une telle
réputation (par exemple – Al Pacino), que tout le monde a pensé qu’il fallait être émotionnel afin d’être respecté. Ou peut-être
est-ce lié à la tendance moderne de la « confession », de tout laisser se déverser, de dire au monde vos problèmes, et du « il est
correct de montrer vos sentiments ». Quelles qu’en soient les
racines, je m’en moque, une technique d’acting basée sur l’émotion conduit à une conscience de travail fausse, faible et vague .






L’émotion dans la
performance de l’acteur ne peut être vrai que si elle est organique et produite par les tentatives de l’acteur à réaliser des actions. Même dans ce cas, ce n’est qu’un trivial « à-côté » dont l’acteur ne devrait pas se soucier – ce n’est pas le sujet de son travail, son travail c’est de raconter une histoire. Retenir l’émotion, s’éxercer à la retenir,
c’est maintenir de la dignité – et c’est la marque d’un acteur
courageux. »
Qu’en pensez vous ? Pour ma part l’un de mes adages d’acteurs est « cache l’émotion lorsque le spectateur s’attend à la voir, montre là lorsqu’ils ne s’y attend pas ! », mais là encore tout dépend du Mix (histoire, réalisateur, personnage, audience, message,…) car un autre de mes adages est « Donne au spectateur ce qu’il veut voir » ! 
Ce dont je suis en revanche convaincu c’est que donner moins d’importance à l’émotion ne doit être choisi QUE si lecomédien est également capable de la donner abondemment et sincérement. Choisir de bannir une option ne doit pas être fait parce que ‘on est incapable de le faire mais par pur choix artistique, sous risque de tomber sous l’étiquette du comédien aigri qui se révolte contre l’émotionalité car il est en réalité incapable d’en faire preuve devant une caméra.
N’hésitez pas à me faire savoir mes erreurs de traduction si vous en découvrez !
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