« Dans un rôle qui n’est pas encore solidement construit sur des sentiments, que chaque vide soit comblé par des clichés, voilà le danger. Et, qui plus est, ces clichés risquent souvent de devancer les sentiments, les empêchant de se manifester, même chez les acteurs de talent, capables de véritable création.
Quelque habile que soit l’artiste dans son choix de conventions scéniques, il ne pourra jamais par là émouvoir le public, à cause de leur caractère strictement mécanique. C’est alors qu’il se réfugie dans ce qu’on appelle les émotions théâtrales. Ce sont des sortes d’imitations artificielles de la forme extérieures et physique des sentiments.
Si vous serrez les poings et raidissez vos muscles, ou respirez par à-coups, vous pouvez créer en vous un état de grande intensité physique. C’est ce que le public prend souvent pour l’expression d’un puissant caractère soulevé par ses passions.
Les acteurs du type nerveux peuvent faire naître en eux des émotions très théâtrales en tendant artificiellement leurs nerfs, ce qui produit une véritable hystérie, une sorte d’extase malsaine, généralement aussi dépourvue d’intériorité que l’excitation physique artificielle. »
Qui d’entre nous n’a jamais cherché l’intensité en se tendant complétement les muscles / se crispant ?…à part se faire mal en se faisant une déchirure musculaire ou en se charcutant les paumes de mains avec les ongles, le résultat a-t-il été concluant pour vous ? N’aviez vous pas juste l’air d’une tomate congestionnée en train de frire dans un bain d’huile bouillant ?
– Heu qu’est ce qu’il fait ? – Ben tu lui a demandé de jouer intense non ? – Ah ouai, il se prépare toujours comme ça pour jouer intense…? – Ouep… – Heu..mais il va pas se faire mal ?…c’est du sang dans ses paumes ? |