Aimant découvrir les différentes approches faites autour du jeu de l’acteur, j’ai souhaité en savoir plus; mais il semblerait que F. Delsarte dispensait son enseignement principalement à l’oral et que les seuls textes présentant le système Delsartien soit surtout l’oeuvre de ses élèves et héritiers (comme J.S. MacKaye). Par ailleurs, les différents articles et thèses trouvés ça et là sur internet, ne sont pas si faciles d’accès dans l’explication du Delsartisme, et sans doute pas toujours fidèle à sa théorie initiale.
Cependant, il m’a semblé comprendre celà :
Delsarte prône que le geste soit à la fois expressif ET passioné. Il ne s’agit pas uniquement d’un code théâtral qui « caricature avec noblesse » l’émotion afin que le public la comprenne (on peut penser qu’il s’agit là de la méthode ancienne du Conservatoire Français), mais il s’agit bien de présenter toute une série de gestes et de mouvements dont la forme serait naturellement (et même spirituellement, j’avoue là ça m’inquiète…) en accord avec leur forme. Le geste ne peut être réussi et beau que si il est motivé par une intériorité d’âme/d’esprit adéquat (je ne m’y connais pas encore mais d’instinct ça me fait penser un peu au théâtre de Nô japonnais, me trompe je ?). Et j’ai même lu, qu’en ce sens là, Stanislavski a bien pu s’inspirer dans son apprentissage des théories delsartienne. Strasberg s’en retournerait dans sa tombe de ce que je viens d’écrire là, non ?
Bref, on comprend aisément que l’enseignement de Delsarte ait eu une influence forte sur le cinéma muet ainsi que sur la danse qui demandent une expression corporelle forte permettant de transmettre une émotion. En revanche, son impact sur le jeu des acteurs a fortement diminué au fil du temps. J’aurai pourtant plaisir à découvrir le tableau de Delsarte et l’ensemble de ses observations. Ses analyses quand à l’adéquation entre tel geste et tel sentiment semblent avoir été très poussées. Aussi, à l’image d’un musicien qui fait ses gammes, j’imagine volontiers un exercice lors duquel un comédien répète inlassablement toutes ces séries de postures et ainsi que les mouvements menant à ces postures en essayant de les allier à l’émotion correspondante. Bien sûr je n’imagine nullement utiliser ces postures sur scène de manière réfléchie (ma formation initiale davantage axée sur l’Actors Studio me rendrait celà inconcevable), en revanche, s’exercer de la sorte pourrait permettre à nombre de comédiens de prendre confiance dans l’utilisation de leurs corps. Je crois aussi que dans certains cas où l’acteur se perd dans son « improvisation », dans son »impulsion », plutôt que de rester les bras ballants, cet entrainement lui permettrait parfois de sauver la mise puisque son corps aurait l’habitude de certains enchaînements en fonction de son état. A nouveau, celà ne serait pas réfléchi et il ne s’agirait en aucun cas de « faire semblant », ces positions naîtraient à certains moments grâce à une impulsion naturelle et garderait toutes leur crédibilité à l’image d’un guitariste qui au cours d’une improvisation totalement libre va se permettre à un moment ou à un autre d’utiliser un enchaînement de quelques notes qu’il a l’habitude de réaliser et qui sonne juste dans le reste de son impro. Mais tout celà se devrait d’être INSTINCTIF. Il s’agirait d’un outil supplémentaire qui viendrait compléter les compétences d’un acteur.
Hélas, je n’ai trouvé que peu d’infos sur les travaux de François Delsarte, si quelqu’un a un bon bouquin à nous proposer, et surtout les analyses schématiques de son travail, je suis preneur !
Qu’en pensez-vous ? Strasberg souhaiterait-il que je périsse par le feu d’une telle inepetie ? Non, je pense qu’il souhaite que les comédiens s’essaient à tout ce qu’ils peuvent !
Quelques ressources :
- Benoît Gauthier, François Delsarte, maître du mouvement expressif, dans Découvrir – magazine numérique de l’Acfas, avril 2012.
- The Delsarte Project
- Corps, arts et spiritualité chez François Delsarte (1811-1871). Des interactions dynamiques, (Thèse – 2009) https://scd-resnum.univ-lyon3.fr/out/theses/2009_out_waille_f.pdf